Evergreen 2017

Evergreen 2017

Septembre… la fin des vacances… et surtout de la saison de triathlon. Heureusement, pour bien finir, on s’était fixé un gros objectif : l’un des triathlons les plus durs du monde. Et pour pimenter le tout, la météo s’est invité à cet événement pour en faire un triathlon vraiment unique !

Avril 2016. En plein préparatifs pour le GR20, je tombe sur un triathlon marrant : l’Evergreen. On en parle avec les fous du club. En juin, on est 3 à s’inscrire. Et puis on oublie l’inscription…

Juillet 2017, on commence à se réveiller pour prendre un appart’ et les billets de train. On flippe un peu en (re)voyant le dénivelé… mais on est quand même confiants !

Début septembre, c’est l’UTMB. D’après nos informateurs sur place, les températures frolent le zéro la nuit. Les prévisions météo ne sont pas terrible pour nous… de la pluie, une limite pluie neige qui baisse, des rafales de vents à 70km/h…

Mercredi 6, quatre jours avant le départ, coup de fil de Coco : “on a un problème, l’épreuve c’est le samedi, pas le dimanche”. On était tous les trois tellement à l’arrache que personne n’avait vraiment vérifié le jour de la course… Le problème, c’est qu’il faut poser les vélos le vendredi avant 19h, et notre train arrive à 19h. On change donc de billets au dernier moment. Il ne nous reste donc que 3 jours avant le départ !

Jeudi 7, préparation du sac. La météo annonçant toujours un temps pas terrible, je double tout les équipements : été + pluie, voire même couches chaudes pour le trail/rando. Car oui, en relisant la liste de matériel obligatoire, il faut chaussures de trail ou de rando. Et en regardant à nouveau le parcours de course à pied, les 1300m de dénivelé positif sont sur 7km, pas 10. Donc clairement, on va marcher et donc potentiellement avoir froid.

demenagement

Vendredi 8, 7h du mat’, gare de Lyon. Avec Rémi, on arrive en avance pour mettre les vélos dans les sacs à vélo. Comme Coco bosse et nous rejoint donc plus tard à Chamonix, on doit aussi récupérer son vélo et son sac de transition T2. On embarque donc dans le train en abandonnant Coco sur le quai. 3h plus tard, pause déj à Annecy et changement de train. Bien galère avec 1,5 vélos emballés par personne, mais on a le temps. À 16h, on arrive enfin à Chamonix.

On remonte les vélos, et on file chercher les dossards. Et puis on abandonne les vélos, qui filent en camion passer une nuit à la belle étoile en montagne. On prépare nos sacs de T2, à laisser sur place. Sac de trail, barres de céréales, collants, short, batons de trail, … On revérifie tout une dernière fois. Avant de se rendre compte qu’on a oublié de mettre les chaussures. Je les sors de mon sac à dos et les mets dans mon sac T2. Je regarde Rémi. Il se marre. Il a ses chaussures de trail aux pieds. Et pas de chaussures en rab !

On pose les sacs de transition, et on rejoint notre Airbnb. Le proprio, très sympa (et ultra sportif, déjà 4 UTMB à son actif…) nous aide à porter les sacs, et indique une bonne adresse pour que Rémi puisse récupérer des chaussures ! À peine installés, on repart à la recherche d’un magasin de sport. On tombe dans une boutique traquenard, qui vend toute la gamme Salomon, ca donne envie de faire crâmer la CB, mais au moins Rémi est habillé des pieds. Le vendeur se moque de nous en nous disant qu’on va prendre cher sous la neige. On en rit !

Puis on essaye de trouver un resto pour une bonne assiette de pâtes. Un traiteur italien nous semble pas mal, avec des lasagnes, miam ! Bon elles sont pas top, mais ca fait l’affaire. On se rentre, et vers 22h au lit. Vers minuit, Coco arrive. Elle n’a pas super bien dormi dans le train (un gamin devant, un gamin derrière… ). Le réveil va être dur. Plus que 3h avant de se lever. Tout le monde se recouche. Je n’arrive pas à dormir. Une heure plus tard, je me lève. Les lasagnes ne passent pas. Enfin dans un sens, dans l’autre, elles finissent en 2 secondes au fond des toilettes. Retour au lit, et là c’est bien plus facile de dormir.

3h30, le réveil sonne. Aie, c’est dur. Heureusement les affaires sont déjà prêtes. On prend un petit déjeuner rapide. Et on se met en route vers le car. La nuit, Chamonix est morte. On ne croise que les autres participants qui se rendent vers les cars. Et que ceux de notre épreuve, car ceux sur la distance Ironman sont partis une heure plus tôt. Deux cars nous attendent. Dans le car, on comate. Et on discute un peu. On est clairement les plus jeunes du car. Et au final, on se rend compte qu’on ne sera pas nombreux sur l’épreuve : environ 100 pour notre distance, et 100 autres sur la distance supérieure. Sur le vélo, peu de risque de drafting donc, on sera vraiment en solitaire.

6h : on voit le lac. Il fait encore nuit. On ne voit pas les bouées. On passe le controle des arbitres. On se prépare comme sur chaque triathlon : la serviette, sur laquelle on pose nos affaires. Puis on se rend compte qu’en fait, ici ca ne marche pas comme ca. On doit mettre ses affaires de T1 dans un sac, qu’on récupère à la sortie de la nat’ pour se changer dans des tentes. On remballe tout et on fait comme les autres ! À 6h30, on voit les futurs ironmen s’élancer. On les perd vite de vue. Il fait encore bien nuit. On est arrivés trop tard la veille pour pouvoir assister au briefing, donc peu d’infos. Tant pis, on suivra les autres.

Nat'

7h25 : combi enfilée, on entre dans l’eau. Elle est bien plus chaude que l’air extérieur, du coup ca va pour y entrer. Plus que 5 minutes avant le départ. On est si peu nombreux, est assez large pour que l’on se retrouve en deuxième ligne.

7h30 : c’est parti ! La nat’ est vraiment sympa, le paysage est magnifique. 500m. 1000m. En arrivant à l’autre bout du lac, on aperçoit les algues au fond. Ca donne une impression de vitesse à la nage. Demi-tour. La vue est encore meilleure de ce côté ! Les autres nageurs suivent la rives pour ne pas se perdre, je préfère le milieu du lac pour la vue… Au final, ca me fera 2500m à la montre au lieu de 2000m, pour 47 minutes. Pas un gros temps, mais pas envie de m’épuiser à essayer de gagner 2 minutes.

Nat'

À la transition, je retrouve Rémi, sorti une ou deux minutes avant moi. On se change tranquillement, l’ambiance est détendue dans l’aire de transition, tout le monde prend plus ou moins son temps. On doit se décider sur la tenue à mettre. Il fait bon dehors, on prend donc des affaires courtes. 15 minutes plus tard, nous voilà sur le vélo (oui, vraiment tranquille la transition, on est là pour terminer, pas pour viser un classement !)

Ca commence par une petite descente. De quoi se rendre compte qu’il fait un peu frais quand même. On arrive en ville, ca zigzague. Et puis ca commence à grimper. La première ascension déjà ! Les jambes sont encore froides, on a fait que 4km d’échauffement… Le cardio monte en flèche, tout le monde souffre autour de nous. Tous les kilomètres, une borne nous indique la distance restante et le dénivelé à venir. Ca monte bien, donc on chauffe, on ne va pas vite, ca laisse le temps de discuter. Parmis les quelques uns que j’arrive à doubler, des Belges (ca monte pas autant dans le plat pays), des Allemands, des Alsaciens et des Parisiens. Je me retourne après 3 ou 4km. J’ai perdu Rémi. Je me dis que je l’attendrais au sommet. Quelques minutes plus tard, je le vois en contrebas, vraiment pas loin. Je me dis qu’au final, il me rattrapera dans la descente. Après 8km, un arbitre sur le bord de route nous dit que ca y est on arrive au sommet. Effectivement, on franchit un premier col, mais pas le plus haut. Ca relance encore, moins raide, et après 2km enfin le sommet. En le franchissant, il se met à pleuvoir. Je vois une tente de ravitaillement, mais je n’ai pas envie de m’arrêter.

Vélo

La descente commence. C’est raide, trempé, et sinueux. Donc ca va vite dès qu’on lâche les freins, mais on est obligé de freiner toutes les 15 secondes. Très vite, le froid se fait sentir. Je n’ai rien pour me couvrir. Après 2 ou 3km, une moto nous fait signe de ralentir et de faire attention. Un cycliste a loupé un virage, les secours s’occupent de lui sur le bas côté. Je ralentis encore plus dans les virages. Je ne double plus, je me fais doubler. Arrivé en bas, je n’ai ni rattrapé Colombe, ni été rattrapé par Rémi. Je tremble de froid, mais c’est maintenant un peu plat, donc on relance les jambes, ca chauffe un peu, et puis la température 1000m plus bas est repassée dans le positif.

Dans la vallée, il faut rester attentifs aux marquages, normalement il y a des panneaux jaunes bien visibles aux intersections, mais parfois il s’agit simplement de traits roses tracés sur la route, pas très visible à cause de la pluie. Après une dizaine de kilomètres dans la vallée, toujours pas de traces des copains. Je commence à me demander si j’ai pris la bonne route, ca fait 3km que je suis sur une ligne droite sans indications. Derrière moi, j’aperçois un cycliste un peu plus loin. Et puis, finalement un nouveau panneau. Et c’est parti pour la 2ème ascension.

Après 500m, je distingue plus haut un casque noir et vert. Je mets un peu de rythme, c’est bien Coco qui est là. On est sur une grosse nationale, donc pas facile de parler, mais on discute un peu quand même. Colombe me dit de ne pas l’attendre, mais elle a accéléré et n’est jamais très loin, donc autant rester au même rythme en passant du bon temps. Toujours pas de trace de Rémi au milieu de la montée, on se dit qu’on l’attendra au prochain ravito, probablement au sommet, ou qu’au moins on lui laissera un message sur son tél.

On bascule au sommet sans s’en rendre compte. Toujours pas de ravitaillement. Il doit être plus bas, ca fait déjà presque 50km de parcourus. On commence à descendre, rapidement je perds Colombe. À nouveau la sensation de froid. Je tremble. Et toujours accélération, freinage, épingle, accélération, freinage, virage, …

En bas, le ravitaillement est bien en place. Je dévore les TUC. 2 minutes après, je vois arriver… Rémi ?! Puis Colombe 30 secondes après ! On s’alimente tranquillement en parlant avec les bénévoles. On repars, 100m plus loin, un rond point où les 228 se sépareront de nous. On se retrouve tous les 3 dans une vallée assez plate, on va vite, on se réchauffe un peu. Et puis commence la dernière montée, une trentaine de kilomètres de petites buttes et de faux plats montants.

Vélo

La route est de moins en moins bien signalée, je manque de me tromper à un endroit. 10 km plus loin, un groupe de cycliste nous rattrape, ils étaient devant nous, se sont plantés, et on fait un beau détour en montagne. Dernier ravitaillement vers le 75ème kilomètre, avant la toute dernière ascension. Plusieurs cyclistes sont là. D’autres nous suivent de pas très loin. Nous qui pensions faire la route quasiment seuls !

On repart, et rapidement on se retrouve à 8 à parler, en roulant à la même allure. On fait gaffe aux arbitres pour ne pas se prendre une pénalité pour drafting. En même temps, ca grimpe, donc l’aspiration elle n’existe pas vraiment. Et effectivement les arbitres vérifient surtout que nous sommes en vie (eux aussi sont trempés et frigorifiés). On papote avec un Alsacien à la tête de notre groupe qui a mieux reconnu le parcours que nous, il nous indique que plus ca va aller, plus la côte va être raide, avec des portions “comme au début” sur les 3 derniers kilomètres.

Effectivement ca grimpe bien, et tout le monde se met à rythme. Je suis devant avec l’Alsacien, Rémi ferme la marche avec Coco. Au sommet, je m’arrête pour les attendre, je fais signe aux autres de continuer sans nous. Plus que 10km de faux plat ! On les avale en essayant de ne pas se perdre, on arrive à nouveau dans la civilisation. On commence à faire tourner les jambes sans forcer pour se préparer à la CAP. Et après un petit tour dans Cham’, on arrive enfin sur la T2. L’arbitre nous demande d’enlever nos chaussures car on arrive sur une piste d’athlé, faudrait pas que nos cales massacrent tout ! On a mis 5h à faire nos 100km de vélo.

T2

On pose les vélos, on récupère les affaires de CAP, et on file sous une tente se changer. La tente des filles est vide, celle des mecs est pleine ! On se change intégralement, et ce coup-ci avec Rémi on se dit qu’il va faire froid, donc on prend les affaires d’hiver. Pas simple de se changer avec les mains gelées, encore une transition un peu longue. Après la vérification du matériel obligatoire par les arbitres (et ajout des gants de vélos au cas où…), direction le ravitaillement pour des boissons chaudes. On se pose pour boire du thé, manger des sandwiches (et pour Colombe pour passer quelques coups de téléphone). L’Alsacien qui était avec nous sur le vélo attendait aussi ses amis pour partir sur la CAP. On sympathise donc le temps de se réchauffer, puis on se lance à l’assaut de la montagne !

Colombe tient à ce que l’on court pour se réchauffer. Ce que l’on fait. Puis cela commence à monter. On marche. On voit devant nous les Alsaciens. Ils nous attendent. Après quelques minutes à grimper ensemble, on arrive sur une intersection… et pas de signalisation. On fait donc demi-tour. On en aperçoit qui arrivent derrière nous en contrebas. Eux aussi montent vers nous. On va à leur rencontre… et on aperçoit en bas le vrai chemin. On fait donc demi-tour avec notre groupe de 8. Un peu de plat, et c’est parti pour le début du chemin de trail. Ca monte directement. On perd rapidement nos 5 amis. On grimpe tous les 3 au même rythme. 1er kilomètre de grimpette. 15 minutes. On prévoit donc environ 2h pour arriver au sommet. On croise une femme qui descend. Elle ne se sentait pas pour continuer, et elle abandonne donc. Toujours pas de plat pour courir, on ne va vraiment que marcher toute la montée !

Après 1h, on en est à la moitié. C’est interminable. On commence à avoir froid aux mains. Devant nous, une Allemande et une Américaine. On les remonte petit à petit. Puis on les dépasse. La pluie commence à geler. Je m’arrête pour grignotter. Colombe ne s’arrête pas, elle a trop froid. On la rattrape 5 minutes plus tard. La neige commence à tenir au sol. Au bout d‘1h30, les mains sont vraiment douloureuses, vivement le ravitaillement pour un bon thé chaud !

On double un groupe de trois finlandais. Après 5 minutes ils nous dépassent et prennent rapidement de l’avance. On voit une maison. On espère que c’est le ravito. Et non. Mais au loin on aperçoit le téléphérique. Ca doit être là bas. Et du coup, on est plus très loin du sommet ! Il y a maintenant plusieurs centimètres de neige au sol, les températures sont bien négatives. Je vois une silhouette 50m plus loin. Un photographe est là. Je lui demande si on est bientôt au ravito, oui c’est bien à la station du téléphérique. Et non, lui n’a pas trop froid. Brrrr. J’accélère pour arriver au ravito au plus vite.

CAP

Au ravito, on m’annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c’est que les conditions météo ne nous permettent pas de continuer. La bonne, c’est qu’on arrive pour la cabine de 17h. J’annonce donc deux bonnes nouvelles à mes amis frigorifiés. On prend à manger et un thé chaud, direction la cabine. À peine entrés, la cabine nous redescend. On commence à retrouver des sensations au bout des doigts. Colombe se fait envelopper dans une couverture de survie. En bas, on prend un peu de temps pour se réchauffer. On a pas d’argent, donc pas de café chaud pour nous. Mais on arrive à négocier un gobelet d’eau chaude pour réchauffer les mains de Colombe. On est un peu déçus de ne pas avoir terminé la course, surtout qu’on était en haut, mais en même temps soulagés car on avait vraiment trop froid !

Impressions

D’un point de vue organisationnel, pas mal de petites choses à redire. Effectivement, on s’est planté sur la date, mais le fait d’avoir trois épreuves entremelées dans les calendriers affichés, ca n’aide pas. Il manque un récapitulatif clair par épreuve. Et ce calendrier n’est pas super cohérent avec la pasta party le jeudi soir; ou le briefing le vendredi en début d’après midi, au moment ou l’on doit récupérer les dossards et poser les vélos. Pourquoi ne pas faire le briefing lors d’une soirée pasta party le vendredi ?

Le dimanche, un apéro de remise des prix était prévu. Nous sommes arrivés un peu en retard, le lieu avait visiblement été changé, mais pas d’indications d’où aller, le stade était vide. Un peu dommage donc.

Concernant la course elle même, à part le marquage au sol pour le vélo (peu visible, mais bon c’était la première édition sous la pluie), et un panneau peu visible à pied, pas grand chose à redire… à part qu’il faisait froid et que donc des boissons chaudes aux ravitaillements vélo auraient été les bienvenues. Sinon, parcours vraiment génial, pas trop de grosse route, il manque peut-être un ou deux ravitos sur la route, mais rien de trop grave !

Sportivement, c’était vraiment sympa, je m’attendais vraiment à pire. C’est long, mais comme on vise surtout de finir la course, pas besoin de se mettre trop dans le rouge. Du coup, pendant le 118, je me disais quand même que ca doit être gérable de faire le 228. En se préparant mieux matériellement bien sûr ! Et on en parlait pendant la CAP avec Rémi et Colombe… et ils sont assez d’accord..

Ca permettrait de faire un premier (?) ironman assez sympa, sans payer la marque. Oui mais… Si déjà le L était un peu cher cette année, le prix a encore augmenté cette année. Et on passe sur le format supérieur. Du coup, c’est 390€ l’inscription. Aie.

J’ai un peu de mal à comprendre ce qui justifie ce prix. Bien sûr, il y a de l’organisation, de la logistique pour amener les vélos en T1, les cars pour nous amener aussi au lac. Nous ne sommes pas nombreux, donc les frais fixes sont partagés entre moins de participants. Mais on est quand même sur un tarif 3 fois supérieur à Lacanau.

Spa

Malgré tout ca, il y a quand même une forte chance que je fasse le 228 l’année prochaine !